Facebook, Instagram et WhatsApp en panne : que s’est-il passé le 4 octobre 2021 ?

3,5 milliards.

Ce chiffre stratosphérique représente le nombre d’utilisateurs du groupe Meta, à savoir Facebook, Messenger, Instagram et WhatsApp. Soit pratiquement la moitié de la population mondiale. Et lorsque toutes ces applications tombent en panne, la déferlante est massive. C’est précisément ce qui s’est passé le 4 octobre 2021, entre 17h30 et 00h30, heure de Paris. Un incident qui fait prendre conscience qu’aucun réseau, application, logiciel ou système n’est infaillible. Retour sur un événement d’ampleur qui va bien au-delà du petit monde de la tech’.

Le lundi 4 octobre, en fin d’après-midi, aux alentours de 17h30 en France, les applications Facebook, Messenger, Instagram et WhatsApp sont soudainement tombées en panne. Impossible de charger le fil d’actualité, d’envoyer des messages ou de consulter les images et les contenus partagés sur ces réseaux sociaux qui font partie du quotidien de très nombreuses personnes. Ce n’est que dans la nuit, entre minuit et une heure du matin que les choses reviennent progressivement à la normale. Une panne qui aura duré entre 6 et 7 heures, et qui a mis un coup de pression inédit sur les équipes du géant des réseaux sociaux. Une panne de cette ampleur est d’ailleurs inédite dans l’histoire moderne des GAFAM. Le soir même, à New York, l’action Facebook a clôturé la séance à Wall Street en recul de près de 5%. En quelques heures, ce sont des millions de dollars de capitalisation boursière qui s’envolent.

De leur côté, Twitter et Telegram ont accueilli un nombre croissant d’utilisateurs qui se déportent sur ces réseaux encore fonctionnels, allant même jusqu’à submerger les serveurs des applications, avec des conséquences heureusement limitées.

Peu après le rétablissement des services, l’origine de la panne est divulguée dans les médias : il s’agit du routage BGP qui est en cause. Les serveurs de Facebook se sont retrouvés coupés du monde, comme si on avait simplement débranché Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger.

Pour comprendre cette panne, il faut comprendre comment fonctionne un DNS (ou Domain Name System). Il s’agit d’un service qui permet de trouver les adresses IP correspondant aux noms de domaine Internet. Avec cette panne, c’est le protocole BGP (Border Gateway Protocol) qui est en cause. Ce mécanisme permet aux systèmes autonomes d’échanger des informations de routage sur Internet. Ainsi, les ordinateurs du réseau auront accès aux itinéraires requis pour trouver et transmettre les paquets de données des serveurs. Sans BGP valide, les fournisseurs d’accès à internet ne pourront pas détecter les routeurs et trouver les centres de données recherchés. Le service devient donc indisponible, car les serveurs sont déconnectés du réseau mondial. 

La cause de la panne proviendrait donc d’une erreur humaine, car Facebook a pris la parole pour expliquer que c’est suite à une erreur de configuration sur les routeurs principaux de Facebook que les problèmes se sont enchaînés et ont paralysé les services les uns après les autres. Cette interruption des échanges du réseau a eu des effets en cascade sur la façon dont les centres de données communiquent, provoquant la panne de Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp.

Quand un groupe contrôle les communications de la moitié de la planète, la moindre interruption prend des proportions épiques. Cet épisode doit donc nous sensibiliser sur l’importance des conglomérats technologiques qui contrôlent et consolident tous nos usages. Les Européens restent fortement dépendants des États-Unis, en dépit du développement de Protonmail, Qwant, OVH et autre Galileo, pour la plupart des applications du quotidien, que ce soit au niveau personnel ou professionnel. Plus que jamais la diversité des outils, des logiciels et des éditeurs doit être un choix stratégique pour les utilisateurs afin de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. C’est une question de gestion des risques qui concerne tout le monde et qui doit aussi encourager, lorsque c’est possible, l’exploration de solutions alternatives.

Jamais une panne n’aura autant fait parler d’elle. Cet épisode souligne à quel point notre vie quotidienne est fortement dépendante de la technologie. Si les choses sont ici rapidement rentrées dans l’ordre, ce ne fut pas la même chose lorsqu’un incendie impacta un data center d’OVH au printemps 2021. Un autre exemple qui montre que les serveurs qui hébergent nos données personnelles constituent probablement l’un des biens les plus précieux qui soient.