La course aux métaux stratégiques et aux terres rares

16 juillet 2024
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La course aux métaux stratégiques et aux terres rares, un article rédigé par Thierry Vincent, Directeur pédagogique du MBA Management de la Transition Énergétique.

À l’horizon 2040, selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale en lithium sera multipliée par 42, en graphite par 25, en nickel par 19… Ces métaux sont essentiels au développement des industries du numérique (smartphone, intelligence artificielle), de la défense (missiles, avions de chasse) et des technologies pour lutter contre le dérèglement climatique (éolien, véhicules électriques).

Ces chiffres inquiètent d’autant plus l’Union Européenne qu’elle affiche sa volonté d’être exemplaire en matière de transition énergétique – notamment en interdisant la vente des véhicules thermiques dès 2035 ou en développant les énergies renouvelables.

Or dans cette course aux ressources, « L’Europe attire moins de 2 % des investissements miniers dans le monde », indique Emmanuel Hache, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Un propos qui rejoint l’analyse de Guillaume Pitron, journaliste et auteur de La guerre des métaux rares (Éd. Les Liens qui libèrent) et de Celia Izoard, autrice de La ruée minière au XXIe siècle (Éd. Seuil) et qui pointe l’hypocrisie des Européens qui ont trop misé sur la mondialisation (avec un transfert de pollution) pour répondre à ses propres besoins en métaux.

Résultat, aucun pays européen n’est présent parmi les premiers producteurs des métaux clés de la transition énergétique (nickel, lithium, cuivre, aluminium, cobalt, terres rares). Sans ces métaux, impossible de s’émanciper des énergies fossiles. Consciente de ses besoins énormes et de sa dépendance aux importations, l’Europe souhaite reprendre la main sur ses approvisionnements en métaux critiques. Le règlement européen sur les matières premières critiques (Critical Raw Materials Act, CRMA) vise à réduire la dépendance de l’UE à l’égard de ces pays tiers, en particulier la Chine, qui a la mainmise sur les chaînes d’approvisionnement d’un grand nombre de ces éléments. La législation établit une liste de 17 matières premières stratégiques, telles que le cobalt et le cuivre, ainsi qu’une liste élargie de 34 matières premières critiques, dont le charbon à coke, et fixe des objectifs ambitieux pour l’approvisionnement en matières premières stratégiques.

Ainsi, d’ici 2030, la consommation annuelle de l’UE sera composée d’au moins 10 % de minerais extraits localement, 40 % d’éléments transformés au sein de l’Union et 25 % d’éléments recyclés dans le bloc. Dans le même temps, aucun pays tiers ne fournira plus de 65 % de la consommation annuelle de l’Europe pour l’un des matériaux clés.
Dans ce contexte, la start-up lyonnaise Mecaware ambitionne de construire d’ici à 2028 une usine de recyclable de batterie de véhicules électriques pour en tirer lithium, manganèse, cobalt et nickel, métaux susceptibles d’être utilisés dans la fabrication de nouvelles batteries.
Un bon manager en charge de la politique énergétique d’une organisation ne peut pas faire l’impasse sur ce sujet stratégique. C’est toute l’ambition du MBA sur le Management de la Transition Énergétique De Vinci Executive Education que de l’y préparer.