La ville augmentée : la prochaine étape de l’évolution urbaine ?

7 septembre 2020
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À travers le temps, l’impact de la technologie sur nos villes est significatif. Aménagement des rues pour faire de la place pour la voiture, creusement des sous-sols pour les métros et trains rapides qui sillonnent nos villes, connectivité renforcée… chaque évolution amène son lot de changements. Aujourd’hui, l’avenir de nos espaces physiques peut être défini davantage par des octets que par du béton. C’est le principe de la smart city. En collectant un maximum de données, les collectivités locales peuvent améliorer l’urbanisme pour saisir, comprendre et interpréter des informations à un niveau de granularité inédit. Les villes peuvent désormais tout mesurer, de la pollution sonore au volume des eaux usées, ce qui peut avoir un impact important sur l’efficacité des dépenses et la qualité globale des espaces urbains. Mais les technologies évoluent sans cesse. Parfois, elles meurent en laissant derrière elles des idées et des utopies. Entre rêve et fiction, on peut même se prendre à rêver de la prochaine étape de la smart city : la ville augmentée.

La ville augmentée : deux concepts pour deux réalités différentes

Concept encore flottant et nouveau, la ville augmentée peut se définir selon deux manières différentes. Des visions qui viennent nourrir des idées afin de construire la smart city du futur.

La ville en réalité augmentée

Cette vision est éminemment technologique, car elle repose sur l’utilisation massive de la réalité augmentée pour l’ensemble des habitants. Ce principe consiste à utiliser un terminal numérique (smartphone ou tablette par exemple) à travers duquel on regarde afin d’afficher des informations supplémentaires. On vient « augmenter » la réalité avec des animations, des données et des contenus qui apportent une valeur supplémentaire. Prenons un exemple : vous êtes en face d’une cathédrale. Au lieu de rechercher un panneau d’informations touristiques, vous pointez votre téléphone vers le monument et s’affichent alors de nombreuses informations sur son histoire et sa construction, à grand renfort d’animations ludiques et immersives. Autre exemple : chez vous, vous pointez votre téléphone sur votre robinet pour voir s’afficher votre consommation d’eau. Sur votre poubelle pour voir les jours – voire les heures -où passeront les éboueurs. Les possibilités sont immenses et s’appuient à la fois sur l’IoT (l’internet des objets) via des capteurs connectés qui seront partout, et sur des digital twins qui sont des représentations virtuelles des immeubles, bâtiments ou structures réels.

En 2015, un artiste japonais a imaginé à quoi pourrait ressembler la ville augmentée. Si sa vision est sombre et dystopique avec une surcharge de publicités et d’informations pour une ville devenue subjective, elle a le mérite d’explorer un nouveau concept. Même si dans ce cas, on se rapproche vraiment de Matrix ! Pour autant, sans arriver à de tels extrêmes, le développement de casques de réalité augmentée pourrait rendre cette technologie plus facile et plus agréable à utiliser pour une démocratisation importante. Et la question qui se pose est de savoir si les architectes et les urbanistes de demain ne devront pas aussi apprendre des concepteurs de jeux vidéo.

La ville réinventée, agile et adaptative

Le deuxième concept de la ville augmentée est très différent. Sa définition provient d’un article de Maurizio Carta dans la revue Urbanistica en décembre 2016. Son auteur voit la ville augmentée comme « un dispositif spatial, culturel, social et économique pour améliorer notre vie contemporaine, individuelle et collective, informelle et institutionnelle. Si nous vivons et agissons dans une réalité améliorée en permanence par des dispositifs matériels et immatériels, nos villes doivent être plus réactives à nos changements de comportement. Nous serions en mesure de construire un environnement urbain plus efficace, capable de sentir et d’agir au quotidien et pour tous. » 

Cela signifie donc vivre dans une réalité améliorée en permanence par des dispositifs matériels et logiciels pour que nos villes soient plus réactives à nos changements de comportement afin de construire un meilleur environnement urbain. Un changement à un endroit pourra se répercuter partout ailleurs en temps réel.

La ville du futur sera forcément technologique

Quelle que soit la définition de la ville augmentée, une chose est certaine : elle sera intelligente et technologique. Une démarche qui s’appuie sur la création d’un écosystème intégrant la possibilité de faire communiquer les données entre elles. Imaginez si les données de circulation ne peuvent pas communiquer avec celles de la météo et des véhicules d’urgence. En cas de pluie ou de neige, les voitures ralentissent, ce qui peut créer des embouteillages, et ce qui augmente le temps d’intervention des pompiers, policiers et médecins du SAMU. Un exemple simple qui souligne en quoi l’interopérabilité des données joue un rôle essentiel dans la création d’un système opérationnel pour une conception urbaine avancée. Un travail qui ne concerne d’ailleurs pas que la planification urbaine, mais également les administrations publiques et les décideurs politiques qui doivent jouer un rôle actif dans le développement des villes du futur. 

Pour être un acteur central dans une ville qui sera plus complexe et plus connectée, il est nécessaire de se former en permanence. Difficile de prendre les bonnes décisions aujourd’hui, quand on ne connaît rien à la technologie et aux nouvelles manières de gérer un environnement urbain piloté par les données. Entre big data, IoT, 5G et sécurité des données personnelles, la question de l’intégration de la technologie dans l’espace urbain est centrale et très évolutive.