Médico-social : l’importance du secteur

Le domaine médico-social joue un rôle essentiel pour assurer une gestion efficace et éthique des structures de santé et de solidarité. Cet article explore l’importance de ces compétences dans le cadre de ce MBA et leur impact sur le fonctionnement des organisations médico-sociales.

Ce secteur a un impact social considérable, parce qu’il accueille plus de 1.100.000 personnes tous les jours, ce qui rend service également à plusieurs millions d’aidants dans notre pays. 1,1 million de personnes, c’est près du double des patients accueillis tous les jours dans l’ensemble des établissements de santé publics et privés de court séjour, de réadaptation et de psychiatrie, d’hospitalisation à domicile et de dialyse hors centre.

Bien évidemment, les établissements et services médico-sociaux n’ont pas la taille, les effectifs et le poids économique des 3.000 établissements de santé avec lesquels ils établissent des liens continus de coopération très importants pour la qualité et la fluidité du parcours de soins et d’accompagnement des personnes accueillies. C’est l’une des raisons pour lesquelles le programme du MBA de directeur de structures de santé et de solidarité (MBA D3S) est construit de manière transversale sur l’ensemble des activités sanitaires, sociales et médico-sociales, à la fois pour intégrer ce travail coopératif mais aussi favoriser ensuite une double mobilité des diplômés : à la fois géographique dans tous les territoires et professionnelle entre ces différents secteurs.

Le secteur médico-social connaît une triple transformation :

• Une évolution dite domiciliaire, visant à soigner et accompagner à domicile ou en accueil de jour plutôt qu’héberger à temps plein, chaque fois que possible ;
• Une évolution gestionnaire visant à établir des plates-formes de gestion multiservices, à la fois pour consolider les fonctions support indispensables (RH, Finances et contrôle de gestion, Système d’information et digitalisation, Qualité et gestion des risques), mais aussi pour pouvoir apporter des solutions progressives et complémentaires aux usagers :
• Une évolution dite inclusive, qui consiste à organiser les soins, l’accompagnement social et l’hébergement dans des conditions aussi proches que possible du droit commun : par exemple, favoriser la colocation d’un logement et faire en sorte qu’un service à domicile y intervienne.

Les deux premières tendances sont déjà engagées depuis une dizaine d’années, mais elles sont bien loin d’avoir produit tous les résultats prévisibles : à titre d’exemple, il demeure près de 8.000 établissements et services gérés de manière isolée par une entité juridique ne déployant qu’une seule activité. Les directeurs et directrices de demain seront notamment des consolidateurs et animateurs d’un réseau de plusieurs établissements et services, qui seront certainement mixtes, à la fois sanitaires, sociaux et médico-sociaux. D’où l’importance de la formation transversale délivrée par le MBA D3S de l’Institut Léonard de Vinci.

Ils s’intègreront souvent en effet dans des groupes d’établissements et de services, qui seront soit de statut public, privé non lucratif ou privé de statut commercial, ou seront conduits à en construire de nouveaux. Contrairement aux idées reçues, le secteur du grand âge (EHPAD ou maisons de retraite, et services à domicile) est géré majoritairement par des entités de statut public, pour 50 % de l’offre d’EHPAD et 30 % des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD). Le secteur privé non lucratif et le secteur privé de statut commercial représentent chacun 25 % des EHPAD. En revanche le secteur du handicap ou des personnes avec des difficultés spécifiques est porté à plus de 95 % par le secteur privé non lucratif des associations, fondations, mutuelles, congrégations, institutions de retraite complémentaire et de prévoyance et unions de gestion des caisses d’assurance-maladie. Ce sont aussi les raisons pour lesquelles le corps enseignant du MBA D3S est organisé pour à la fois disposer d’un ancrage de terrain assurant la dimension très professionnalisante des enseignements, mais aussi pour témoigner de cette diversité statutaire et des cultures de gestion, publique, privée non lucrative et privée de statut commerciale, pour ainsi entrouvrir toutes les portes aux apprenants et futurs diplômés.

La troisième orientation – inclusive – connaît actuellement un réel foisonnement, boosté par des rapports officiels emblématiques – de Denis Piveteau et Jacques Wolfrom « Demain, je pourrais choisir d’habiter avec vous » (Juin 2020) – et des mesures gouvernementales d’encouragement. Accueillir et accompagner des personnes âgées ou handicapées selon des modalités aussi proches que possible du droit commun est une perspective qui mobilise l’engagement et la créativité de nombreux professionnels, et motive beaucoup d’apprenants et diplômés du MBA D3S qui ont bien compris que ces modalités ne s’opposent pas aux EHPAD ou maisons d’accueil spécialisé pour personnes handicapées, mais apportent des compléments très judicieux pour la confection de programmes d’accompagnement plus personnalisés, plus qualitatifs. « Il ne s’agit pas de fermer les établissements, mais en réalité, de les ouvrir » (Denis Piveteau).

Cette évolution inclusive de l’offre permet de souligner deux des caractéristiques très profondes du secteur médico-social :

• Il ne s’agit pas d’y « guérir » de son handicap, ou de sa perte d’autonomie liée au grand âge, mais de vivre avec, avec le plus haut niveau possible d’autonomie et de qualité de vie ;
• Ce qui suppose de la part des professionnels qui y exercent, et plus encore des directeurs d’établissements et services qui les guident, une grande capacité d’écoute et de réflexion éthique partagée : il ne s’agit surtout pas en effet de « faire à la place », mais « d’aider à faire par soi-même », tant au plan individuel que collectif. Le cœur, le moteur du projet médico-social, c’est l’émancipation des contraintes et limitations issues des handicaps ou de la perte d’autonomie, au plus haut niveau qualitatif possible.

Conjuguer cette souplesse organisationnelle avec les contraintes de gestion, juridiques, financières, territoriales, suppose à la fois une grande technicité, mais aussi une réelle créativité et capacité d’animation pluriprofessionnelle. Dans ce contexte renouvelé, lié à des attentes sociales fortes d’inclusion, les directeurs de demain seront à la fois de gestionnaires, mais aussi des consolidateurs de l’offre médico-social (confer supra), mais aussi des ingénieurs et inventeurs des solutions de demain, souvent hybrides, associant des solutions d’aujourd’hui et celles qui restent à imaginer (facile) et mettre en place plus concrètement (plus difficile !). Le programme du MBA D3S est conçu pour pouvoir relever ces challenges stimulants, qui font que l’on sait pour qui et pourquoi on se lève avec entrain le matin, tous les matins d’une vie professionnelle et personnelle réussie.

Plusieurs apprenants et diplômés du MBA D3S ont engagé un projet entrepreneurial qui entendre répondre à ces défis collectifs que constituent – dans un contexte global de changement climatique rapide – le vieillissement de la population, la détection et l’accompagnement précoce des handicaps, et le développement des maladies chroniques qui concernent plusieurs millions de personnes dans notre pays. A ce titre, le secteur médico-social est appelé à jouer un rôle de défricheur des conditions et modalités du « bien vivre ensemble » de demain, avec une valeur ajoutée sociale bien plus large que pour le seul bénéfice des personnes qu’il accueille aujourd’hui.

David Causse, le 25 juin 2023